HOMMAGE À RONNIE WILLIS

Un Horseman d’exception

Il est celui dont Pat Parelli a dit : « He made the world a better place ». De sa voix grave et d’une poignée de main ferme, il se présente à chacun d’entre nous : « Ronnie Willis is my name ». Avec du Feel, du Timing, et un Equilibre parfaits, il vient de planter le décor : l’art et la manière de nous transmettre l’idée de ce que Respect signifie.

Ronnie était notre instructeur attitré dans le Montana, jusqu’à ce qu’il nous quitte au bout de quelques mois, le 20 Mai 2003, victime d’un arrêt cardiaque. Lorsque je lui ai demandé comment il avait appris à comprendre le cheval, il m’a répondu : « Ce sont les chevaux qui m’ont appris. » Bien sûr, je m’attendais à cette réponse, alors j’insiste : « Oui, mais qui encore ? » Il me parle alors de Ray Hunt, de Parelli et de « some guys from Nevada », des horsemen. Avec le recul et beaucoup plus d’expérience, aujourd’hui sa première réponse me conviendrait, parce que c’est la seule vraie.

Je n’oublierai jamais ce moment où Pat Parelli lui-même est venu demander un conseil à Ronnie alors qu’il se tenait près du pare-botte du manège. Oui, Ronnie a été l’un des professeurs de ce grand Horseman.

On a tous, je pense quelque part, un père spirituel, un mentor, une référence. Lui, Ronnie Willis, il aurait pu être le père spirituel de tout le monde. Un homme d’exception, impressionnant de justesse, avec les chevaux et avec les hommes, avec lui-même aussi. Il nous éduquait autant qu’il nous formait.

Alors que rien ne présageait de sa disparition, je m’étais dit qu’un homme comme lui, ne mériterait pas un jour de disparaître, de nous abandonner. Nous « éduquer », nous, ses enfants, était son devoir. On a trop besoin de gens comme lui. Ils sont tellement rares. Il m’a changé, il a changé ma vie. Il m’a montré comment on voyait les choses et comment on pourrait les voir. Il m’a ouvert les yeux sur une autre vision du cheval, du Horsemanship, et du monde. Il m’a conforté dans mes intuitions, m’a montré le chemin. Et continue de le faire. Tous les jours.

Il était avec nous « aussi doux que possible, et aussi ferme que nécessaire ». Un jour il me dit : « Comme je fais avec les chevaux, je vous enseigne à vous, là où vous en êtes, et pas là où j’aimerais que vous en soyez. »

Il m’a montré la direction pour trouver l’équilibre, le mien, celui de mon entourage, de mon environnement. L’équilibre de la Vie. Tout un programme.

Aujourd’hui, j’essaie de transmettre tout ça. Je ne sais pas si c’est la façon dont Ronnie aurait souhaité que je le fasse, mais j’essaie. Et pour Ronnie, essayer, c’était la chose la plus grande. Il disait que personne n’est meilleur qu’un autre. On est tous bon, car on essaie tous de faire du mieux qu’on peut. Essayer, c’est l’essentiel. Quand on essaie, on a la motivation, on a l’envie. C’est la seule façon de progresser. Il m’a fait promettre de ne jamais arrêter d’apprendre, (« promise me to never quite learning »). Solennellement, je lui ai promis.

L’immatriculation de sa voiture, c’était : « Horses 1 ». Pour moi, le numéro 1 c’était lui. Je lui dois beaucoup, il a rejoint le paradis des Horsemen, ils n’y sont pas nombreux.

Ceux qui me connaissent, pourraient vous dire que j’ai du mal à évoquer son nom, sans avoir la gorge serrée. Je n’ai jamais pu l’appeler Ronnie, mais toujours Monsieur.

C’est sûr, si chacun de nous prenait un peu de lui, on ferait du monde « a better place ».

See ya Sir.